La traversée des Grands Lacs en motoneige

Au bout d’une quarantaine de minutes, nous arrivâmes devant quatre grands tipis disposés en cercle. Charles m’expliqua que deux d’entre eux étaient réservés aux couchages, à raison de quatre par tente, un autre aux commodités et le dernier servait aux repas. Puis il me présenta Yves et Ethan, deux hommes aussi vigoureux que lui, déjà occupés à résoudre un problème électrique. – Nous avons installé un groupe électrogène un peu plus loin, dans un abri bétonné, pour avoir le courant dans les tipis, et le chauffage est assuré par des poêles à bois, comme chez moi. Plusieurs sites comme celui-ci sont aménagés sur tout le domaine, afin de permettre des haltes pour la nuit lorsque l’on fait le circuit complet qui dure trois jours. Je hochai la tête, impressionnée.

– Ce soir, continua-t-il, nous n’en aurons pas pour longtemps. Je devais surtout apporter du matériel. Tu veux m’aider ?

Une fois la remorque déchargée, Ethan nous invita à boire une bière avec eux avant qu’ils ne partent. Lorsqu’ils prirent la route, la nuit était tombée depuis longtemps. La lune éclairait légèrement l’obscurité de sa lumière douce, me permettant de voir une partie du lac, et le ciel était chargé de milliers d’étoiles, plus que je n’en avais jamais vu.

– Entends-tu la respiration de la forêt ? demanda Charles dans mon dos.

Au-delà du silence qui imprégnait les lieux, je percevais les bruits de la nature : le vent, les craquements dans les branches, les cris des animaux divers peuplant les bois…

Je resserrai les bras autour de ma poitrine, frissonnante. – C’est magnifique, répondis-je en me tournant vers le trappeur. A la lueur de la nuit, son regard brillait autant que les étoiles alentour. D’un pas en avant, je me collai contre lui.

– Tu as froid, dit-il en m’entourant de ses bras puissants. – Un peu…

– Retourne te réchauffer dans la tente. J’arrive dans une minute. Je suivis son conseil et gagnai le tipi. J’enlevai mes bottes et mon blouson, et m’approchai du poêle en ouvrant la fermeture Eclair de ma fourrure polaire afin d’y laisser pénétrer la chaleur. Un instant plus tard, j’entendis Charles entrer dans la tente. Je restai immobile face au feu.

Le trappeur vint se coller contre mon dos, m’enlaçant à nouveau. Je le laissai faire, randonnée motoneige Isola 2000 curieuse et impatiente de voir ce qu’il allait faire ensuite. Un frisson me parcourut lorsque ses lèvres se posèrent au creux de mon cou. J’inclinai la tête, le cœur battant, réclamant d’autres baisers. Sa barbe chatouillait ma peau, son souffle résonnait à mon oreille, et je fermai les paupières, enivrée par les sensations. Sa main se posa sur mon ventre, et le désir m’embrasa. Il y avait longtemps que des mains n’avaient pas parcouru mon corps. Trop longtemps. Je me retournai pour lui faire face. Eclairé par la lueur orangée des flammes, il était d’une beauté saisissante. Je plongeai ma main dans sa chevelure ébouriffée pour attirer son visage vers moi, et l’embrassai. Un baiser doux, suave, qu’il me rendit aussitôt avec la même délicatesse.

Lentement, il fit glisser ma polaire. Je ne ressentais plus le froid. Tout mon corps semblait brûler d’un feu nouveau que lui seul pouvait éteindre. Je le débarrassai à mon tour de sa chemise à carreaux matelassée. Il embrassa ma gorge, mes épaules, caressant mon dos avec des gestes d’une douceur infinie.

Aussi viril qu’il puisse être, cet homme était la tendresse incarnée. Il dégrafa mon soutien-gorge et je m’abandonnai à ses mains, à sa bouche, les tétons dressés de désir et le souffle court. Une fois nus, l’un et l’autre, il me souleva et me porta jusqu’au lit le plus proche. Tandis qu’il remettait une bûche dans le poêle, toujours aussi soucieux de mon bien-être, je détaillai son corps, saisie par la force tranquille qui s’en dégageait. Sa musculature était impressionnante, mais pas comme un culturiste qui soulève de la fonte. Son corps était vigoureux, robuste, le corps d’un homme habitué aux tâches difficiles.

Charles revint vers moi. La chaleur des flammes léchait ma peau, mais je brûlais pour une autre raison. Le trappeur s’allongea sur moi, m’enveloppant de ses bras. Son corps était lourd et étonnamment léger à la fois. Il sentait le miel, le bois, les épices, une odeur suave qui m’enivrait. Il m’embrassa profondément, me coupant le souffle, caressa mes seins, dévora mon cou de baisers. Je pouvais sentir l’ardeur de son désir à son sexe dressé contre mon ventre, à sa respiration haletante, mais il prenait son temps. Tous ses gestes étaient empreints de délicatesse.

– Fais-moi l’amour, murmurai-je à son oreille, n’y tenant plus. Son regard plongea dans le mien, me fixant avec intensité, tandis qu’il me pénétrait lentement. Je dus me mordre la lèvre pour ne pas crier de plaisir. J’enroulais mes jambes autour de ses hanches, prête pour entamer notre danse amoureuse.

A sa respiration lourde et régulière, je sus que Charles dormait profondément. Je me levai avec précaution pour ne pas le réveiller.

Mon trappeur m’avait fait l’amour deux fois avant de sombrer dans le sommeil. Attentionné et doux, il m’avait prodigué tant de délicieuses caresses que j’avais cru perdre la tête sous les vagues déferlantes d’un plaisir d’une intensité que je n’avais jamais connue auparavant.

Cette nuit, grâce à cet homme, je m’étais sentie femme à nouveau. Emmitouflée dans l’une des fourrures, je soulevai un pan de l’entrée du tipi. Les premiers rayons de soleil commençaient à poindre à l’horizon, mais je n’avais pas sommeil. Je profitai de la magie de l’instant, un sourire aux lèvres. Le paysage était magnifique.