Un watergate à la française

« Cette affaire est du niveau du Watergate. » La référence est signée Jean-Luc Mélenchon. Dans une interview au Monde parue ce samedi, le chef de file des députés de la France insoumise fait le rapprochement entre l’affaire Alexandre Benalla, du nom de ce proche collaborateur d’Emmanuel Macron accusé d’avoir frappé des manifestants le 1er mai dernier à Paris, et le fameux scandale d’espionnage aux États-Unis dans les années 1970.

Tout commence en 1972 lorsque des membres de l’équipe du président républicain Richard Nixon placent des micros au siège de campagne des démocrates, dans le complexe immobilier de Washington du Watergate, afin de les espionner. Ces individus, pris au départ pour de simples cambrioleurs, sont aussitôt arrêtés par la police. Très vite, plusieurs journaux dont le New York Times et surtout le Washington Post, avec son duo d’enquêteurs Bob Woodward et Carl Bernstein, révèlent les liens entre les malfaiteurs et la Maison-Blanche.

Menace d’une destitution

Malgré les dénégations de Nixon et de ses proches collaborateurs et la mise à l’écart de certaines petites mains de son équipe, la presse poursuit ses révélations, notamment sur la base d’informations d’une mystérieuse « Gorge profonde » -en réalité Mark Felt, ancien numéro 2 du FBI et décédé en 2008. On découvre que cet épisode du Watergate fait partie « d’une campagne massive d’espionnage et de sabotage politique dirigée par des hauts-fonctionnaires de la Maison-Blanche », selon un rapport du FBI.

Le Congrès, le Parlement américain, finit par se saisir de l’affaire et une commission d’enquête sénatoriale se met en place au début de l’année 1973. Durant un an et demi, les élus multiplient les auditions et affirment que certains collaborateurs de Nixon sont coupables de faux témoignages ou d’espionnage. Certains de ces membres de l’équipe présidentielle, cette fois parmi les plus proches du chef de l’État, sont à leur tour contraints à la démission.

Face à la menace d’un impeachment, c’est à dire d’une destitution par les parlementaires, notamment pour obstruction à la justice et abus de pouvoir, Richard Nixon finira par démissionner de lui-même le 8 août 1974. Cette affaire du Watergate continue de fasciner plus de trente ans après et a été notamment portée à l’écran dans le film « Les hommes du président », sorti en 1976.